Chine : capitalisme ou socialisme ?

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KRACH TITRE VFJ 2

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Chine:

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Capitalisme

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ou

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Socialisme ?

 

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Ces temps derniers, avec la crise économique et financière qui touche également ce grand pays qu’est la Chine, le débat a repris en intensité dans ce qui reste du mouvement ouvrier en France, et qui tente de renaître.


Inévitablement, le débat porte sur la nature économique et sociale de l’état chinois, et il fait carrément polémique.


Dans la compréhension de la situation mondiale actuelle, ce débat n’est pas sans importance, et encore moins, une question de pure rhétorique.


En effet, selon les statistiques des uns ou des autres, la Chine et les USA se disputent la première place, sur le plan de la puissance économique.
Selon certains, ils se la disputent également sur le plan de la puissance financière.


Quoi qu’il en soit, ces deux nations représentent chacune un potentiel de puissance tel, et tellement supérieur à celui de toutes les autres, dans tous les domaines, qu’il est difficile de prétendre que le monde actuel n’est pas d’ores et déjà « bipolaire »!


Pour le mouvement ouvrier, qui tente de résister à l’écrasement auquel le capitalisme rêve de le soumettre définitivement, en ce temps de crise chronique, la question de décider quelle est la nature réelle de l’état chinois n’est donc pas une question secondaire.


En ce qui concerne les USA, la question de leur nature impérialiste ne fait aucun doute, seule la question de savoir s’ils sont encore ou non l’ennemi principal des peuples se pose, et elle ne semble pas forcément réglée non plus pour tout le monde.


Dans la mesure ou les relations politiques, économiques et financières entre ces deux super-puissances conditionnent l’avenir du monde, il devrait être clair que ces deux questions sont liées.


Ce que la dernière phase de crise a remis au premier plan, en ce début d’année, c’est l’interconnexion et même l’interdépendance entre ces deux puissances, tant sur le plan économique que financier.


Mais à l’évidence, en dépit de cette interdépendance, cette dualité de puissance présente un caractère antagonique inéluctable. Il est évident que chacune cherche à avoir la prééminence sur l’autre.


Étant donné le rapport de force plus ou moins équilibré entre ces deux super-puissances, d’une part, et le rapport de force, dans les luttes sociales, manifestement déséquilibré, actuellement, en faveur du capitalisme, la question de la nature sociale de l’état chinois fait donc une différence primordiale dans les choix stratégiques et les orientations politiques de la résistance prolétarienne.


A l’évidence, cette question ne se pose que dans la mesure où l’état chinois prétend représenter une forme de « socialisme », et où il se présente également comme l’héritier de ce qui fut le camp socialiste et anti-impérialiste.


En dernière analyse,la question de la validité de cet « héritage historique » tient à la nature sociale actuelle de l’état chinois, à sa nature de classe!


Le fait qu’il soit essentiellement dirigé par un parti prétendument « communiste », et se réclamant même du « marxisme-léninisme », suffit-il à garantir la nature prolétarienne de l’état chinois?
A l’évidence, non.


Examinons donc simplement en quoi résident les prétentions de l’état chinois au « socialisme ». Selon ses thuriféraires il s’agirait très officiellement d’un « socialisme de marché ». C’est à dire, à la base, d’un système hybride, où le capitalisme joue un rôle important, sinon essentiel, dans le développement économique.


Dans quelle mesure un état socialiste prolétarien peut-il conserver sa nature de classe, prolétarienne, en coexistence avec un secteur économique capitaliste en son sein? Telle est la question simple qui doit nous aider à déterminer notre position sur la nature sociale de l’état chinois et l’attitude que nous devons adopter à son égard.


Le précédent historique auquel les thuriféraires du « socialisme à la chinoise » se réfèrent sans cesse est celui de la NEP,  la Nouvelle politique économique,  proposée en Russie par Lénine en 1921 et maintenue par Staline jusqu’au tournant 1929-30.


En réalité les conditions historiques du développement économique sont tellement différentes entre les deux pays, que hormis comme référence idéologique formelle destinée à estampiller l’authenticité de leur prétendu « héritage », les partisans de cette comparaison analogique se rendent compte eux-même de son inconsistance et cherchent d’autres justifications « théoriques » qu’ils estiment « fondamentales » et susceptibles de valider cette analogie.


En effet, cette analogie ne résiste pas au moindre examen un tant soit peu sérieux.
La NEP a essentiellement concerné le développement de la paysannerie indépendante. Pour le reste, elle n’a pratiquement concerné qu’une partie de la petite industrie. En matière d’investissements étrangers elle a concerné des secteurs économiques parfois techniquement importants mais dans une proportion dérisoire en terme de part du budget national.
Et surtout, il s’agissait de concessions dont les contrats étaient parfaitement négociés et contrôlés, de sorte que le capital financier n’avait donc strictement aucune prise sur les décisions politiques du pays.


Il n’y avait aucune interdépendance entre les flux de capitaux financiers, leurs fluctuations éventuelles, et la politique de l’Union Soviétique.


Cette politique a permis de relancer l’économie soviétique ruinée par la guerre civile et l’agression impérialiste. Dans la mesure où elle a néanmoins inévitablement engendrée la reformation d’une nouvelle classe de parasites capitalistes, elle a engendré également les effets pervers qui allaient avec, et notamment un nouveau cycle de famine causé par les prérogatives des koulaks. La fin de la NEP a mis fin à ce cycle et permis le redémarrage de l’industrie socialiste. (*)


La NEP avait rempli son rôle historique et n’avait nullement vocation à devenir la base du développement socialiste.
Malgré cette évidence, les thuriféraires du « socialisme à la chinoise » tentent une justification théorique de leur politique en prétendant s’inspirer des thèses de Lénine sur le « capitalisme d’état ».
Il ne s’agit pas ici de se livrer à une exégèse détaillée des textes de Lénine, mais le lecteur un tant soit peu sérieux, au vu du bilan de l’expérience, admettra que l’on peut résumer le rôle du capitalisme, dans cette théorie, à la recette du pâté d’alouette, à savoir une alouette de capitalisme pour un cheval de socialisme!
Mais la question n’est même pas de savoir s’il reste une alouette de « socialisme » en Chine, la question n’est pas seulement dans le rapport de proportions, mais encore plus fondamentalement, dans la différence de nature des deux types de capitalismes envisagés comme pouvant coexister avec le socialisme.


Il existe en effet, dans le vocabulaire de l’enfumage « théorique » pratiqué par tous les révisionnistes, qu’ils soient en apparence « de gauche » ou de droite, tout un confusionnisme sur la terminologie du « capitalisme d’état », qui devient « capitalisme monopoliste d’état » ou redevient simplement « capitalisme d’état », selon les besoins du discours et de l’instant…
En ce qui concerne le concept léniniste de « capitalisme d’état », on vient de voir, par le bilan de l’expérience pratique, ce qu’il en est.


Le concept léniniste de capitalisme monopoliste d’état est lui aussi clairement défini par le premier bilan que Lénine a fait de sa formation, comme base économique de l’impérialisme. Il est clair qu’il repose sur la domination du capital financier spéculatif par rapport au capital industriel et dans la fusion de celui-ci avec le capital bancaire. La domination du capital financier s’exerce, dès cette époque, au début du 20ème siècle, sans partage et par définition, sur les marchés financiers. Depuis, elle n’a fait que se renforcer, et de manière exponentielle, ces dernières décennies, après une brève embellie pour certains secteurs du capital industriel, après guerre. Dès ses débuts, cette domination s’exerce sous une forme « mondialisée », autour de pôles de puissances financières antagonistes entre eux.


L’existence de marchés financiers comme acteurs économiques essentiels suffit déjà à caractériser la nature sociale des pays qui les hébergent. Qu’ils soient sous la domination des capitaux financiers qui y circulent ou que ces pays soient eux-même des pôles exportateurs de capitaux, il n’est pas douteux que ces pays appartiennent à la sphère du capitalisme, et non à celle du socialisme, quel que soit leur passé historique.
C’est donc, incontestablement, le cas de la Chine.

Vouloir définir une catégorie de pays « rescapés du camp socialiste » pour pouvoir y inclure la Chine est un artifice de propagande idéologique particulièrement pitoyable et qui n’a évidemment aucun rapport avec la démarche marxiste-léniniste , avec le matérialisme historique.

Au contraire, il procède entièrement de l’idéalisme petit-bourgeois et d’une pseudo « nostalgie » romantique entièrement opportuniste, en réalité, et entièrement destinée à asservir ce qui reste du mouvement ouvrier aux intérêts du capitalisme chinois.


Dans la mesure où il tend à se libérer laborieusement, à travers différentes phases de crises plus ou moins violentes, de sa dépendance néo-comprador par rapport aux USA, dans la mesure où il commence à développer une puissance financière comparable, une capacité à s’imposer en concurrent équivalent sur le marché des capitaux, et notamment comme exportateur de capitaux, le capitalisme chinois s’est déjà mué en néo-impérialisme, c’est à dire clairement en pôle financier impérialiste concurrent des USA.


Dans la mesure où il prétend encore se farder des couleurs du socialisme, le terme de social-impérialisme est tout à fait approprié à son cas.


Le fait qu’il s’oppose, en tant qu’impérialisme, à l’impérialisme US, le fait qu’il cherche à créer une alliance de nations diverses contre l’alliance formée autour des USA ne donne nullement à cette alliance un caractère anti-impérialiste, même si quelques petites nations particulièrement menacées dans leur existence jouent tactiquement et assez légitimement de cette contradiction pour survivre.


Même s’il est primordial, pour le mouvement ouvrier, dans la stratégie de résistance anti-impérialiste, d’être solidaire du droit des peuples et des nations à disposer d’eux-même, cela n’implique nullement la moindre allégeance, soumission ou complaisance idéologique à l’égard de quelque puissance impérialiste que ce soit.

Luniterre

 

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(*  https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/11/15/encore-une-legende-noire-demythifiee-lholodomor/  )

 

 

RÉCAPITULATIF DES ARTICLES RECENTS

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A propos de l’intégration du Yuan aux DTS du FMI …


https://tribunemlreypa.wordpress.com/2016/01/14/a-propos-de-lintegration-du-yuan-aux-dts-du-fmi/

 

 

Crise et confusionnisme … : Pour y voir plus clair !

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2016/01/13/crise-et-confusionnisme-pour-y-voir-plus-clair/

 

 

Crise, CAC, Krach, Chine, nouvelle année, nouvelle secousse !
(Cet article contient un récapitulatif des articles de fond plus anciens, sur ce sujet.)


https://tribunemlreypa.wordpress.com/2016/01/09/crise-cac-krach-chine-nouvelle-annee-nouvelle-secousse/

 

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