Tout ça pour ça… ?! Ou les éternels démons kollabos de la petite bourgeoisie maoïste

 

Tout ça pour ça… ?!

Ou les éternels démons kollabos

          de la petite bourgeoisie maoïste

 

 

Connaissiez vous la « trouée de Suwalki » ? Un de ces nombreux endroits où opère l’armée française, en « défense du monde libre », face à la supposée « barbarie orientale », en l’occurrence celle du monde slave… Suwalki n’est pourtant pas un « trou », mais une ville polonaise de près de 70 000 habitants…

Signe particulier, elle se trouve dans l’intervalle entre la Biélorussie et la poche russe de Kaliningrad. Autrement dit, un possible verrou de l’accès terrestre aux pays baltes, actuellement alliés au camp « occidental »…

Partant de ce point « stratégique », et en une série de trois articles intitulée « La France et la trouée de Suwalki », un maoïste lyonnais nous fait une revue de géopolitique assez exhaustive, qui se termine, en réalité, en Syrie, sur les prétendus territoires du «  Rojava », supposément « Kurdistan syrien »…

Avec ce point de départ à Suwalki, l’auteur, un hypothétique « tovaritch Bonk », orthographié en cyrillque, qui plus est, tente de nous expliquer que l’«occident » fait face à une « agression russe » potentielle , sinon très probable dans un futur proche :

« Cet espace a donné des sueurs froides à l’occident en Septembre dernier. Et pour cause !

En septembre 2017 l’exercice militaire de la Russie, nommé Zapad-2017 (ouest-2017) a été mis en œuvre. Cet exercice avait pour objectif de simuler une invasion de la part de l’OTAN de la Biélorussie. »

https://unitecommuniste.fr/international/la-france-et-la-trouee-de-suwalki/

Ainsi, dans l’esprit de l’auteur, un exercice de défense russe en accord avec son allié biélorusse serait un acte d’agression contre l’occident et notamment contre l’OTAN, c’est à dire, en fait, un acte d’agression contre les USA…

C’est juste oublier un petit détail : jusqu’à preuve du contraire, l’Amérique se situe de l’autre côté de l’Atlantique et les USA ne s’étendent donc pas jusqu’aux portes de Kaliningrad, ni même dans les pays baltes, à moins de considérer ceux-ci comme de nouveaux états US, ou même de simples colonies… !

L’auteur nous jure pourtant ne pas choisir de « camp », entre l’impérialisme US et le prétendu « impérialisme russe » :

« La région est extraordinairement vulnérable à une opération de déstabilisation, aux pressions diplomatiques et militaires de la part de la Russie, d’autant que le climat politique et géopolitique indiquait -et indique toujours- une possibilité de crise non négligeable.

Cet article vise à pouvoir analyser cette situation de la manière qui nous paraît la plus juste possible. « L’Unité Communiste de Lyon cherche à éviter les biais de raisonnement nommés campisme et anticampisme. »

Moyennant quoi après avoir parlé de « reflet rouge » et de « nostalgie soviétique » pour les « pro-Poutine », l’auteur parle de « guerre froide » et d’ « anticommunisme viscéral », de l’autre côté…

Prétendant néanmoins dépasser ce subjectivisme outrancier, l’auteur précise :

« Nous voulons éviter ces écueils pour pouvoir analyser les choses avec rigueur et justice. A nos yeux, il s’agit de la seule manière de pouvoir, par la suite, se positionner d’une manière juste et rationnelle. Cette brochure est ainsi faite sans procès d’intention, sans accuser de perfidie quiconque. Elle est conçue comme une analyse s’intéressant à la manière dont la Russie se comporte en fonction de ses intérêts. Il s’agit d’actions logiques et cohérentes, rentrant dans un plan établi par la  bourgeoisie de cet Etat. »

Qu’entend donc l’auteur par « rigueur et justice » ? En « communiste » supposé on est en droit d’attendre de sa part une démarche marxiste-léniniste, et on se demande donc ce que vient faire ici la notion de « perfidie »… ! Sinon, peut-être, dans la précision qu’il donne lui-même, après avoir prétendu éviter le « campisme » : Il s’agit clairement d’un dossier à charge contre la « bourgeoisie russe », supposément « impérialiste », donc. Ce qui revient à choisir, quoi que l’auteur en ait dit, le camp de l’impérialisme US, supposément « agressé » par les manœuvres de défense russe… « Perfidie », nous disait-il…

Alors que d’un point de vue marxiste-léniniste il conviendrait d’abord évidemment d’examiner la nature éventuellement « impérialiste » de cette bourgeoisie, à la lumière, précisément, des critères ML qui définissent ce qualificatif et de voir en quoi elle y répond.

On ne va évidemment pas réécrire ici le célèbre bouquin de Lénine, et on se contentera donc d’en venir directement à ce qui est le critère essentiel, à savoir l’expansionnisme de type néo-colonialiste via l’exportation de capitaux permettant de contrôler l’économie des pays dominés, et par voie de conséquence, l’ensemble de leur politique étatique et militaire.

Actuellement, la puissance et la capacité financière de la Russie est sensiblement équivalente à celle de l’Espagne, un « impérialisme » particulièrement agressif, comme chacun le sait…

L’économie de la Russie, en réalité, repose presque entièrement sur l’exportation de ses matières premières, dont elle est dépendante,  et n’a pas, autrement, d’industrie réellement valide et « compétitive » autre que celle de l’armement, principalement héritée de l’URSS.

Qu’elle joue au mieux de ses maigres atouts est un fait, mais cela n’en fait nullement, pour autant, une puissance impérialiste.

Qu’elle le devienne, éventuellement, si elle parvient à développer son économie, c’est la logique même de l’évolution capitaliste de toute bourgeoisie nationale qui résiste à l’influence impérialiste ou même qui passe par un stade comprador lui permettant néanmoins une relative accumulation primitive, lui permettant de s’imposer à son tour comme puissance financière relativement « autonome », comme c’est le cas de la Chine, actuellement.

Étant donné le rapport de proportions, la conjoncture internationale de crise et le temps qu’il a fallu à la Chine pour atteindre ce stade, à partir du capitalisme « national » maoïste, il est clair que cette mutation n’est pas du tout sur le point de se produire et qu’il y faudra clairement encore plusieurs décennies…

Ce décalage entre l’économie russe et l’économie chinoise a des causes historiques et structurelles très anciennes, mais bien connues et l’auteur, en supposé « marxiste-léniniste », ne devrait pas les ignorer, ce qu’il fait donc délibérément, pour tenter de donner du crédit à son propos, tout à fait à l’instar de n’importe quel petit propagandiste de l’occident impérialiste… L’ « impérialiste », c’est l’autre, point barre !

Pour la suite, il n’y a pas grand intérêt à résumer le corps de l’article, dans la partie II, décrivant la supposée stratégie « expansionniste » de la Russie, car le but ultime se trouve donc, en fait, partie III, dans la situation en Syrie et la justification du soutien maoïste à la politique US dans cette région du monde, à partir de la façon dont a été instrumentalisée la cause du peuple kurde.

Cette instrumentalisation a clairement fait suite à l’échec inévitable de la stratégie de l’ « Armée syrienne libre », puis de l’ « État islamique », toutes deux concoctées dans les officines conjointes de l’impérialisme US, français, et de leurs complice saoudien, et toutes deux battues en brèche par la résistance loyaliste de l’État syrien, avec l’appui de son allié russe, intervenu à sa demande.

Et alors que là encore, les USA interviennent délibérément, en quelque sorte à la fois en incendiaires et en « pompiers volontaires », pour supposément éteindre le feu allumé par eux-même dans un premier temps !

La cause kurde peut évidemment avoir sa raison d’être, en Syrie comme ailleurs, en raison des minorités kurdes débordant sur son territoire, mais elle n’a tout aussi évidemment pas lieu d’y trouver son foyer essentiel, précisément en raison de ce caractère marginal par rapport au peuplement kurde principal, ce que nous montre à l’évidence une carte du Kurdistan proposée par l’institut kurde, et donc non suspecte de manipulation « anti-kurde »… :

https://i0.wp.com/www.institutkurde.org/images/cartes_and_maps/ckur100.gif

On y voit clairement les limites de cette influence réelle, à la poche d’Afrin, à celle de Kobané, et à la corne de l’extrême nord-est de la Syrie. Situation qui n’a guère évolué depuis 1935:

On voit que cela correspond encore aux limites du « Rojava » à l’époque de la bataille de Kobané, époque à partir de laquelle l’instrumentalisation de cette « nation » a été officialisée par l’impérialisme US lui-même, bien au delà d’un simple « soutien tactique » face à l’ « État islamique ».

EN 2014

Au fil des années suivantes, et au fil des opérations militaires commanditées par l’occident et l’impérialisme US en particulier, ce « Rojava » s’est étendu au point d’englober pratiquement un tiers de la Syrie…

EN 2015

EN 2016

EN 2017

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EN 2018

Quel rapport entre cette expansion et la cause du peuple kurde… ? Manifestement aucun, en réalité, sinon les manipulations déjà anciennes qui ont malencontreusement lié cette cause à l’impérialisme et qui l’on transformée en force locale supplétive pour ses plans réellement expansionnistes, pour le coup, et au détriment total du droit des peuples et des nations dans cette région du monde, à commencer par celui de la Syrie.

Aujourd’hui le maoïste français « tovaritch Bonk » fait mine de s’étonner et voire même, de s’offusquer, du « revirement » de la Turquie contre le camp occidental, alors que ce pays ne fait également que défendre ses intérêts, désormais divergents des manœuvres US dans le Nord de la Syrie, région également stratégique pour lui et dont il espérait prendre lui-même un contrôle relatif en tant que précédente force supplétive dans la régions… Dans la mesure ou ce nouveau conflit se déroule entre troupes turques et troupes « kurdes » désormais supplétives de l’impérialisme US, on ne voit pas pourquoi la Russie devrait s’en mêler, et d’autant moins que ses propositions d’initiatives diplomatiques pour intégrer les kurdes dans le processus de négociation en vue de restaurer la légitimité et l’intégrité de la nation syrienne ont été rejetées par ces mêmes kurdes… !

Jusqu’à un passé récent les kurdes avaient bénéficié d’une large tolérance de la part de l’État syrien pour la gestion et le contrôle de leurs territoires, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et dans le cadre des négociations de paix cela pouvait donc logiquement aboutir à une solution d’autonomie relative, mais qui n’impliquait pas une partition de la Syrie, alors que la stratégie actuelle d’expansion du « Rojava » au delà de toute référence ethnique réelle correspond clairement à une volonté renouvelée de l’impérialisme US de briser encore la nation syrienne comme ont été brisés la Libye, l’Irak, l’Afghanistan, mais aussi l’Ukraine, en Europe, et tant d’autres pays.

L’auteur, « tovaritch Bonk », même s’il essaye de nous balader, de Suwalki en Turquie, à travers les méandres de son « raisonnement » pour le moins biaisé, n’en dévoile pas moins la pleine conscience qu’il a de sa propre duplicité en affirmant soutenir les prétendues « Forces Démocratiques Syriennes », les FDS,

« Au lieu d’une permutation propre et nette, l’affaire a cafouillé dans les grandes largeurs. Depuis 2011, la Syrie s’enfonce dans le chaos, dans un billard à quatre bandes, entre Loyalistes, ASL, Forces Démocratiques Syriennes, que nous soutenons au travers, notamment, de la participation à la campagne sur le Bataillons International] et Etat Islamique. »

https://unitecommuniste.fr/international/la-france-et-la-trouee-de-suwalki-partie-3-printemps-arabes/

Ces FDS qui ne sont donc que le bras armé de l’OTAN dans la région, y incluant les YPG, forces armées du « Rojava », ce qu’il ne précise, malgré tout, que vers la fin de l’article :

«Turquie soutient l’ASL et, en sous-main, fourni une assistance à l’Etat Islamique. Son objectif stratégique est de conquérir le nord de la Syrie, de rafler les régions riches de ce secteur et de détruire les bases arrières de la guérilla du PKK. Elle a donc des visées antagoniques à celles de la Russie, sur la question de l’intégrité territoriale de la Syrie, mais également vis-à-vis de ses alliés de l’OTAN, qui soutiennent de manière croissante la très efficace armée des FDS, notamment l’YPG. Le brouillard de guerre est total.  »

A ce point, on serait fortement tentés de lui rappeler la chanson :

« Camarade, sors du brouillard de cette rade… »

Mais au lieu de cela, il s’y enfonce davantage si encore possible :

« Aujourd’hui, ce conflit est en passe de se régler. l’EI est en déroute. Le temps du partage, pour la Russie, est venu. Elle a proposé aux YPG et aux combattants du Rojava de réintégrer la Syrie et de se mettre sous sa protection, en échange de la perte de l’indépendance. Face au refus de ceux-ci, elle se contente de regarder la Turquie tenter d’écraser la poche d’Afrin. »

Alors qu’à l’évidence le seul « partage » envisagé est celui déjà opéré sur le terrain par le prétendu « Rojava » et clairement pour le compte de l’impérialisme US. Et alors que la Russie est précisément le seul garant, à l’heure actuelle, de l’intégrité de la nation syrienne, y incluant sa minorité kurde, ce qui est de facto le seul sens réel possible de cette phrase visant à inverser les rôles. Difficile de se moquer davantage des ses lecteurs et du simple bon sens.

L’implication directe US et française au « Rojava » peut difficilement être niée, du reste, car précisément « trahie » par cet « allié » instable qu’est la Turquie :

« L’agence turque Anadolu révèle l’emplacement de troupes américaines et françaises en Syrie »

http://www.france24.com/fr/20170720-anadolu-turquie-ankara-localisation-troupes-americaines-francaises-coalition-syrie

https://pbs.twimg.com/media/DFGtGqwXsAAwZjK.jpg

Ce que traduit cet acharnement à faire passer la Russie pour une puissance impérialiste et même une puissance particulièrement agressive, c’est bien l’évolution de plus en plus réactionnaire de la petite bourgeoisie gauchisante française, et sous l’apparence rebelle de son masque « antifa » le retour des démons incontournables, pour elle, génération après génération, de la collaboration de classe, et après avoir prétendu lutter par priorité « contre son propre impérialisme », en réalité pour éviter une lutte conséquente, intégrant tous les aspects d’une lutte générale contre l’impérialisme, et notamment contre l’impérialisme US, qui reste manifestement, dans le contexte actuel, l’ennemi numéro un des peuples du monde, elle en est venue à collaborer, sous divers masques de Tartuffes, aussi bien avec l’impérialisme US qu’avec « son propre impérialisme »!

Alors que la position marxiste-léniniste là dessus est claire: le parti prolétarien ML doit se construire dans les luttes sociales, de manière tout à fait indépendante, et s’il peut passer un compromis tactique avec une bourgeoisie nationale, en cas de lutte de libération nationale, il n’en a aucun à passer avec l’impérialisme, US ou autre. Dans le cas présent la Russie est la plus importante des puissances où la bourgeoisie nationale continue de jouer un rôle significatif. et peut encore, dans certains cas, venir en appui d’une autre, fragilisée par les atteintes de l’impérialisme US auquel elle tente de s’opposer. Rares sont les partis populaires, ouvriers et paysans, actuellement capables d’assumer la direction d’une lutte de résistance anti-impérialiste, et d’y imposer leurs conditions, en cas de coalition. Mais même minoritaires, les partis réellement progressistes n’ont rien à gagner à renforcer l’impérialisme, et notamment, l’impérialisme US.

Luniterre

 

 

19 commentaires

  1. On peut qualifier la Russie actuelle d’impérialiste, même si évidemment, cet impérialisme n’est pas équivalent à l’impérialisme américain.

    Même si la Russie n’est pas un impérialisme capitaliste, au sens, qui exerce une domination financière sur une partie du monde, le mot impérialisme lui-même n’est pas à exclure. A l’époque du tsarisme, Lénine parlait de « l’impérialisme militaire et féodal » pour qualifier la Russie.

    Dans La faillite de la II° Internationale (1915), Lénine écrit : « En Russie, comme on le sait, l’impérialisme capitaliste est plus faible; par contre, l’impérialisme militaire et féodal est plus fort. » https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/05/19150500f.htm#n2

    Dans Le socialisme et la guerre (1915), il utilise à nouveau la même expression pour qualifier la Russie : « En Russie, l’impérialisme capitaliste du type moderne s’est pleinement révélé dans la politique du tsarisme à l’égard de la Perse, de la Mandchourie, de la Mongolie; mais ce qui, d’une façon générale, prédomine en Russie, c’est l’impérialisme militaire et féodal. »
    https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htmhttps://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htm

    On voit donc bien une distinction entre « l’impérialisme capitaliste », c’est à dire l’impérialisme des monopoles capitalistes, de la domination du capital financier, des exportations de capitaux vers les semi-colonies, etc. Et « l’impérialisme militaire et féodal », au sens large du mot « impérialisme », comme domination d’une nation par une autre dans le cas du tsarisme.

    Pour ce qui est de la Russie actuelle, on constate que c’est encore l’impérialisme militaire qui prédomine et non l’impérialisme capitaliste.

    Tu refuses d’utiliser le mot impérialisme pour la Russie car tu veux réduire le mot impérialisme au seul sens d’impérialisme capitaliste. Etant donné la confusion répandue sur ce sujet, c’est compréhensible.

    Si l’impérialisme US reste l’ennemi numéro 1 des peuples du monde, notre ennemi à nous reste l’impérialisme français, et il faut regarder de près ses tentatives pour se placer sous l’aile de l’impérialisme chinois. Avec le déclin sans conteste de l’impérialisme américain, la tentation est grande pour les vassaux européens de se trouver un nouveau protecteur, qui tolèrera la survie d’un impérialisme français par exemple.

    L’impérialisme français n’a survécu que dans la mesure où l’impérialisme US était terrifié par les révoltes dans les semi-colonies de l’ancien empire colonial français, la possibilité que ces pays rejoignent le camp soviétique. C’est pour cette raison que l’impérialisme français a été toléré, dans la mesure où il était plus dangereux pour les américains de le dépouiller que de s’en servir comme rempart au mouvements de libérations nationales.

    Aujourd’hui la Chine n’attend rien de l’impérialisme français et exigera sans doute des conditions beaucoup moins amicales pour parrainer les impérialismes français, anglais, etc. La seule chose que Macron a offrir aux chinois, c’est du sang et des larmes, pas les siennes bien sur, mais celles du peuple français, qui devra être compétitif pour servir d’atelier à l’impérialisme chinois.

    C’est de cette façon qu’il faut interpréter la volonté de rapprochement franco-russe de la part des partis sociaux-chauvins (FI, FN), qui voient dans l’impérialisme russe un protecteur bien plus intéressant, dans la mesure où c’est lui qui est dans le besoin « d’alliés ». Il est donc tout à fait possible pour eux de se donner une image anti-impérialiste en dénonçant l’impérialisme américain, tout en travaillant en fait pour l’impérialisme français.

    Avec la montée de l’impérialisme chinois, le déclin de l’impérialisme français est de toute façon en grande partie déjà acté (voir justement le recul des investissements français partout dans le monde, au détriment de la Chine). L’impérialisme chinois, dans sa stratégie de conquête « pacifique » des zones d’influence, s’est pour l’instant contenté s’attaquer aux « petits joueurs » comme la France, afin d’éviter les collisions avec l’impérialisme US.

    Pendant que l’impérialisme français « prévoit » d’investir davantage en Afrique ( http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/23/les-francais-investissent-de-plus-en-plus-en-afrique_4837088_3212.html ), l’impérialisme chinois le fait réellement ( http://afrique.lepoint.fr/economie/presence-chinoise-en-afrique-les-realites-du-terrain-03-07-2017-2140203_2258.php ), avec pour résultat final que l’impérialisme français recule en Afrique ( https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/030945710217-investissement-la-france-largement-distancee-en-afrique-2134000.php ).

    On se souvient du soutien de Mélenchon à l’intervention militaire en Libye : https://www.youtube.com/watch?v=a_xWcU62F3c

    Ou encore le soutien de Marine Le Pen à l’intevention militaire au Mali : https://www.youtube.com/watch?v=tPXSgPpJZ98

    Mélenchon avait critiqué cette guerre mais disait ne pas y être hostile…

    Quant à une partie de l’extrême gauche (trotskyste, maoïste), on sait qu’elle travaille effectivement pour l’impérialisme américain, ou plutôt contre l’URSS, depuis le début, les impérialismes occidentaux ont toujours soutenu des groupes pseudo-communistes pour tenter de contrer l’influence de la IIIème internationale, en jouant par exemple la carte trotskyste contre les « staliniens », en créant des syndicats comme FO (créé par la CIA après la guerre). Ces spécialistes de l’anti-soviétisme au nom du communisme étaient d’abord les trotskystes, puis une fois Staline mort, le maoïsme a pris le relais. Même après l’effondrement de l’URSS, cette alliance a été recyclée contre la Russie de Poutine. Simple tradition anti-russe ou influence réelle et encore présente de la CIA ? Difficile à dire. Aujourd’hui il existe bien l’open society de George Soros qui continue de financer des groupes d’extrême gauche, à divers groupes bobos, « antifas », et autres défenseurs des « droits de l’homme », etc. Les liens entre Soros et l’agenda de l’impérialisme US ne sont plus à prouver. Il est évident que « l’anti-impérialisme » dirigé exclusivement contre la Russie est une escroquerie. Reste à rappeler quelles sont les priorités aujourd’hui, si la priorité pour un communiste aujourd’hui c’est de trembler sur la « menace russe » ou d’organiser le renversement de notre propre bourgeoisie.

    1. Effectivement, camarade, il y a constamment, en interaction dialectique, ces deux aspects, militaire et financiers, dans l’impérialisme. Dans l’impérialisme le plus moderne, comme nous l’explique Lénine, c’est l’aspect financier qui prime… Et cela tant qu’il permet d’assurer l’expansion et la domination, tandis que l’aspect militaire reprend le dessus en cas de crise ou de résistance des peuples visés par le néo-colonialisme.

      Mais cet aspect militaire est aussi dominant dans l’intention de rétablir un rapport de force jugé non cohérent avec la capacité réelle d’expansionnisme, comme dans le cas du nazisme. C’est aussi la manifestation d’un type de développement relativement primitif en terme d’accumulation, comme dans le cas de la Russie tsariste, mais qui avait tout de même atteint un stade d’intégration important à la finance mondialisée de l’époque, via le système des participations croisées, telles que Lénine les décrit longuement dans son ouvrage de base. De plus, la Russie tsariste, sur cette base, manifestait clairement sa volonté expansionniste, et devait donc la traduire en actions militaires offensives, même si finalement elles ont échoué et abouti au résultat que l’on connait…

      Cet « impérialisme militaire » a donc à la fois une base financière significative, même si insuffisante par rapport à la « concurrence », et une volonté expansionniste affirmée et délibérée, en tout cas.

      Ces critères ne correspondent pas à la Russie actuelle, pas plus qu’ils ne correspondaient à la Russie soviétique, du reste. Pas de « social-impérialisme » hier, et pas encore d’ « impérialisme russe », donc.

      Le capitalisme monopoliste d’État russe est embryonnaire et n’a aucune capacité de contrôle sur d’autres économies. Même les matières premières, et surtout le gaz, sont davantage une dépendance qu’un moyen de pression, en réalité.

      Les actions militaires actuelles russes, comme les soviétiques hier, sont essentiellement à fonds perdus. Ce sont des actions d’ordre géostratégique, de résistance, sur ce plan, à l’agressivité US, et dans le même esprit, de résistance diplomatique, en termes de zones d’influence, tout à fait à l’instar de la diplomatie soviétique, également.

      Il n’y a pas de volonté expansionniste délibérée, mais seulement une nécessité absolue de conserver quelques bases en pays alliés, tant qu’il y en a encore. En regagner quelques uns fait aussi partie de cette résistance géopolitique.

      Par rapport aux pressions subies, cela reste de l’ordre logique d’une politique de bourgeoisie nationale, à l’échelle d’un pays-continent, tel que l’est la Russie. De fait, elle devient un « parapluie » pour d’autres du même type, mais aux moyens et capacités plus modestes, comme l’Iran, et peut-être, dans un avenir encore indéterminable précisément, la Turquie. Pour l’instant le rapprochement est purement tactique, manifestement.

      Quoi qu’il en soit, l’attitude intransigeante de la Russie sur l’intégrité de la Syrie est un recul et un camouflet sévère pour l’impérialisme, et pour l’impérialisme US en premier lieu. Toutefois, avec cette nouvelle « guerre du Rojava » on peut constater que la partie sanglante n’est malheureusement pas terminée, et ceux qui soutiennent ce processus manipulatoire en portent en grande partie la responsabilité. Dans des limites raisonnables et dans le cadre d’une paix intérieure en Syrie, une région « Rojava » dotée d’une relative autonomie aurait pu être un havre de paix au moins pour une partie des Kurdes. Aujourd’hui ils payent simplement le prix inévitable de leur pacte avec le « diable » US…

      Luniterre

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