1er Mai 2020 : Résister face au Coup d’État mondial des Banques Centrales !

 

 

 

 

1er Mai 2020

Résister

face au Coup d’État mondial

des Banques Centrales !

 

 

La politique de sabordage et de sabotage sanitaire et économique menée par le pouvoir macronien en France comme par l’ensemble des puissances occidentales depuis Janvier 2020 est une stratégie délibérée au service des mutations du capital financier mondialisé et non pas le résultat d’une suite d’ « erreurs » ni d’une « incompétence » qui, même lorsqu’elle est « avouée », n’est qu’une feinte criminelle en réalité.

Les « aménagements » que le pouvoir prétend apporter face aux nouveaux reculs sociaux en perspective ne sont qu’une escroquerie financière supplémentaire et à grande échelle, vu qu’ils seront assumés par l’augmentation de la dette publique et de l’endettement de la France envers la BCE. En réalité ils seront donc essentiellement payés par les travailleurs, sur ce qu’il restera du fruit de leur travail !

Un soulagement, même relatif, de la misère accrue et du chômage engendrés par la « crise du Covid-19 » ne peut venir qu’avec le relocalisation significative de la production nécessaire à la satisfaction des besoins sociaux les plus urgents, dont les besoins sanitaires.

Et pour être significative, cette relocalisation ne peut se faire que de manière autofinancée et non au profit du capital financier mondialisé et dans la dépendance de la BCE.

La première mesure et la seule qui peut assurer, à la base, un arrêt des reculs sociaux dans tous les domaines, c’est la relocalisation du crédit nécessaire pour financer l’après-Covid-19, c’est à dire, en pratique, la nationalisation du crédit, et donc de l’ensemble du système bancaire existant et opérant en France, sous l’égide d’un Conseil National du Crédit, à l’exemple de celui fondé en 1945, mais avec des pouvoirs encore renforcés et soumis à un contrôle démocratique.

En restaurant simplement une possibilité de choix démocratique dans les grandes orientations du système, la nationalisation du crédit permet de poser concrètement la question de la correspondance entre production et besoins sociaux urgents constatés sur le terrain.

La nationalisation du crédit ne constitue, par elle-même, aucune forme de transition socialiste. Mais en s’emparant des revendications correspondant aux besoins sociaux urgents, la résistance prolétarienne pourra donc mettre en avant un premier programme de planification économique compréhensible de tous et capable de mobiliser massivement au point d’en finir avec le système lui-même, en rendant possible le passage au socialisme, sur la base d’un nouveau pouvoir prolétarien.

Luniterre

 

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/26/crise-du-covid-19-le-coup-detat-des-banques-centrales-pour-les-nuls/

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/22/demasques-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs/

 

 

Sur ce thème, un échange utile

avec le camarade Viriato >>>

 

Viriato >>>

Tiens, Luniterre, voici encore un autre lien qui montre la véritable relation entre les banques centrales et les « investisseurs » du marché financier.
Les Banques au service des capitalistes.

https://www.ft.com/content/1c012dac-953b-411d-b5fe-16633b92fdef?desktop=true&segmentId=7c8f09b9-9b61-4fbb-9430-9208a9e233c8#myft:notification:daily-email:content

Une sorte de fonction semblable à celle de l’Etat qui veille pour les intérêts de l’ensemble de capitalistes malgré les dérives individuelles de quelques uns.

En résumé : « on vous couvre pour éviter une crise financière qui n’est pas « souhaitable » aujourd’hui, mais vous vous trompez si vous prenez cela pour un chèque en blanc. Ce n’est qu’un répit et mettez vous en règle car on ne pourra pas vous soutenir dans la crise réelle qui approche ».

Donc, s’il y a une tendance (une « tendance » forte mais pas plus) de contrôle et d’organisation de tout le capitalisme par les banques centrales (une forme déjà « socialiste » de fait), elle est directement au service des capitalistes, pas contre eux, pas dans le sens d’une prise de pouvoir, ou d’un « coup d’état » de la haute bureaucratie bancaire contre les capitalistes. On est loin du « collectivisme bureaucratique » étape imaginée par certains entre le capitalisme et le socialisme.

On est loin aussi d’une capitulation de la grande bourgeoisie devant la haute bureaucratie bancaire.

Le fin fond de cet affaire n’est pas « l’économie » mais le rapport de forces entre les classes (ou la classe capitaliste et la bureaucratie encore à leur service), la lutte de classes donc.

A ne pas oublier.

V.

 

Réponse TML >>>

 

C’est bien que tu cherches à comprendre, car ce n’est pas le cas de la majorité des prétendus « marxistes » et je prends donc le temps de te répondre encore pour préciser ce qui semble t’échapper :

Il n’y a évidemment pas de « lutte de classe » entre bourgeoisie financière et « bureaucratie bancaire »…

La « bureaucratie bancaire » spécifique des banques centrales n’est que l’une des expressions formelles de la bourgeoisie financière. Sa spécificité tient à son pouvoir sur la circulation monétaire et sur le crédit, ce qui est fondamentalement la même chose, dans le contexte actuel.

C’est, en un sens, le rapport entre crédit et circulation monétaire qui change, avec l’évolution actuelle des forces productives et le développement de la robotisation de la production.

Dans le capitalisme « traditionnel », même monopoliste industriel, le crédit ne joue qu’un rôle transitoire dans la circulation monétaire, qui est principalement le reflet de la circulation des marchandises produites par le travail, et des services échangés autour.

Il semble donc inéluctable qu’à mesure que le capital « productif » se résume de plus en plus au capital fixe, avec le développement de l’automatisation et de la robotisation, le crédit devienne le « régulateur » obligé de la circulation monétaire à tous les niveaux, y compris de la consommation, en tant que réalisation des « valeurs » produites, et donc de la source du pouvoir de « capitaliser », la source du pouvoir économique et politique, en dernière analyse.

Une machine robotisée financée par un crédit qui produit des marchandises elles-mêmes achetées à crédit ne peut évidemment pas créer de valeur.

Dans ce processus, c’est l’ensemble de l’argent en circulation qui provient du crédit et l’ « accumulation » transitoire de capital qui peut encore se produire au cours du processus entre « déblocage » de crédit et réalisation de la pseudo- « valeur » des marchandises ne peut être par essence qu’une forme de bulle spéculative.

Il y a encore circulation monétaire, tout à fait artificielle, mais de moins en moins d’échange entre producteurs, même très indirectement, et même plus du tout, en cas de robotisation totale.

Il y a donc disparition progressive de la valeur d’échange, en réalité, et apparition du monopole de la valeur d’usage, seule source réelle possible, désormais, de capitalisation. Le crédit des Banques Centrales est l’expression monétaire de ce monopole et de cette novelle forme de pouvoir économique, et donc bien politique, en dernière analyse.

Le pouvoir des banques centrales est donc aussi celui de « réguler » la circulation du capital financier, non pas de manière « équilibrée », ce qui est par définition impossible avec le capitalisme, mais en laissant « gonfler » les bulles jusqu’à un certain niveau ou en les laissant « crever » également jusqu’à un certain stade de « creux », et c’est exactement ce que l’on vient de voir. Il suffit de le constater sur les différents graphiques des indices boursiers, tous réagissant de manière extrêmement synchronisée, et surtout depuis 2007-2008.

Il y a donc une grande partie de la bourgeoisie qui veut continuer à boursicoter à grande échelle, car sa « richesse » et donc aussi son pouvoir, en dépendent, et une nouvelle fraction de la bourgeoisie qui est consciente de l’évolution technologique nouvelle des forces productives et consciente du nouveau pouvoir de domination du crédit sur la circulation monétaire en général et même sur la circulation du capital financier en particulier.

Une fraction minoritaire, détentrice d’une part suffisante des capitaux financiers mondiaux, n’a plus besoin d’accumuler pour conserver son pouvoir, au point qu’elle peut « encaisser » sans ciller une chute impressionnante de capitalisation globale, mais plutôt besoin de conserver le contrôle de l’ensemble du système, y compris au détriment d’autres fractions du capital financier, et même des fractions résiduelles du capital productif qui ne sont pas encore intégrées à 100% dans le système monopoliste.

La nouvelle concentration des capitaux réduira encore la part de cette dernière fraction au profit des deux autres, et surtout de celle qui contrôle déjà les banques centrales. Ces fractions continuerons à « négocier » entre elles un certain « modus vivendi », à défaut d’un introuvable équilibre.

C’est ce que reflète l’intéressant article que tu résumes ici.

Il n’y a aucune forme de « collectivisme  bureaucratique » là dedans, bien évidemment, et tu devrais enfin te débarrasser de tout ce charabia trotskysant qui n’a aucune espèce de réalité en termes d’analyse marxiste !

 

Bien à toi,

Amicalement,

 

Luniterre

 

 

 

 

16 commentaires

  1. La « résistance » a commencée…. Trois articles venant de la presse bourgeoise et « alternative » pour apporter de l’eau à ton moulin. Comme le troisième je ne sais pas le poster, à la suite des lien, la traduction.

    une tendance où le rapport de force entre les classes n’est pas encore un fait acquis.

    https://www.boursorama.com/videos/actualites/dans-cette-crise-la-banque-centrale-qui-en-fait-le-plus-c-est-la-fed-selon-jean-claude-trichet-aa0ee9c35841fbf747850231dcf16442

    https://www.ft.com/content/a68bfd0d-47c7-46ec-ac87-20b8b67ddc32

    « L’État tente de sauver le capitalisme en voie d’effondrement.

    Niklas Albin Svensson 30 avril 2020

    Le FMI a déclaré début avril que nous sommes entrés dans « le pire ralentissement économique depuis la Grande Dépression ». Hier, leur perspective a été confirmée lorsque les chiffres publiés pour les États-Unis ont montré un taux de baisse de 4,8 %. Aujourd’hui, les chiffres publiés montrent une contraction de 3,8 % en un trimestre dans la zone euro. La gestion désastreuse de la pandémie de coronavirus a aggravé une crise économique qui était déjà en cours.

    Une chute sans précédent

    Les chiffres publiés aujourd’hui sont plus mauvais que prévu. La baisse de 3,8 % dans la zone euro pour un trimestre est bien pire que celle de 4,8 % aux États-Unis sur une base annuelle (le chiffre équivalent pour les États-Unis serait de l’ordre de 1,5 %). L’économie française s’est contractée de 5,8 % et l’économie espagnole de 5,2 % au cours du dernier trimestre. Les chiffres des économies européennes sont pires que tous les autres trimestres enregistrés et la chute est bien plus grave qu’en 2009. Le deuxième trimestre devrait être pire partout.

    L’épidémie de virus n’aurait pas pu frapper à un moment moins opportun. L’économie mondiale ne s’est jamais remise de la crise de 2008-2009, comme on l’a déjà expliqué par le passé. La reprise s’est faite au ralenti, les économies de l’Allemagne, France, du Japon et du Royaume-Uni, à tout le moins, étant déjà en contraction.

    Le capitalisme est confronté à une crise de décadence sénile. Ce système pourri aurait dû être renversé il y a un siècle, mais la combinaison de la guerre mondiale et du rôle des réformistes lui a donné un nouveau souffle. Les premiers signes de la fin du boom de l’après-guerre étaient déjà visibles dans la crise des années 70, mais par l’austérité et les attaques contre la classe ouvrière, combinées à une expansion sans précédent du crédit, la classe capitaliste a repoussé le mauvais jour. Aujourd’hui, on doit régler la facture.

    Les Perspectives de l’économie mondiale du FMI, publiées au début du mois, sont d’une lecture désastreuse. Le FMI prévoyait une contraction de 4,2 % de l’économie mondiale cette année. C’est bien pire que le précédent record de chute de l’après-guerre en 2009, qui était de 1,6 %. La grande majorité des pays devraient connaître une récession cette année, les pays capitalistes avancés étant les plus touchés.

    La zone euro serait confrontée à une contraction de 7 %. Le Japon – pour l’instant relativement peu touché par l’épidémie – une contraction de 5 %, et les États-Unis une contraction de 6 %. Toutes ces prévisions partent du principe que la pandémie sera terminée cet été et qu’il n’y aura pas de deuxième vague du virus cette année ou l’année prochaine. Ce n’est pas un optimisme trop partagé par les épidémiologistes.

    Le FMI nous fournit utilement des scénarios alternatifs de ce qui se passerait si leurs prévisions de base ne se confirmaient pas. S’il y a une autre vague au cours du second semestre, la chute serait plus forte, aux alentours de 7 %. Pourtant, le FMI est plutôt optimiste.

    Un certain nombre d’institutions privées prévoient des scénarios plus sombres : IHS Markit prévoyait une chute de 3 % du PIB américain au premier trimestre 2020, sur une base annualisée. Cette estimation s’est révélée optimiste, puisque les chiffres publiés le 29 avril ont montré l’équivalent d’une contraction de 4,8 % (annualisée). IHS Markit a en outre prédit une chute de 27 % au deuxième trimestre, au moment où l’impact de la fermeture des marchés se fera sentir (là encore, sur une base annuelle).

    Cela ne signifie pas littéralement une baisse de 27% ce trimestre, mais que le taux de baisse est tel car les effets du verrouillage ne s’accumuleront pas au cours des prochains trimestres. Néanmoins, la baisse devrait être nettement plus sévère qu’en 2009.

    Dans d’autres parties du monde, Morgan Stanley prévoit une baisse de 11 % de la production de la zone euro cette année, le Royaume-Uni n’étant pas loin derrière avec 10 %. Même Christine Lagarde a menacé les gouvernements de la zone euro d’une baisse de 15 % de la production s’ils n’agissaient pas.

    Une autre hypothèse curieuse faite par le FMI est que l’infection ne se répandra pas largement en dehors des pays capitalistes avancés. Tout le monde se demande pourquoi les pays les plus pauvres du monde seraient mieux équipés pour faire face à la pandémie.

    Dans ces pays, privés de ressources et saignés à blanc par l’impérialisme, le surpeuplement, les logements insalubres et le manque de soins de santé créeront les conditions d’une catastrophe humaine. Jusqu’à présent, la seule chance salvatrice a été le manque relatif de voyageurs internationaux, qui a réduit le nombre de cas importés, mais une fois que la transmission locale aura décollé, il sera difficile de l’arrêter.

    Alors que l’infection se propage rapidement en Inde, en Afrique et en Amérique latine, la perspective d’un désastre économique est également évoquée : alors que le FMI prévoyait une croissance de 2 % pour l’Inde en 2020, Fitch Ratings et la Barclays Bank prévoient toutes deux une stagnation, avec respectivement 0,8 % et 0 % de croissance.

    Mais toutes ces prévisions ne sont que des suppositions. La vérité est que personne ne le sait vraiment. Le FMI part également du principe que l’économie se redressera rapidement, dès que les mesures seront levées, mais c’est aussi une hypothèse importante.

    Une catastrophe en préparation

    De nombreuses industries sont ébranlées par la crise : Les boutiques détaillistes luttaient déjà contre la pression des détaillants en ligne. De nombreux magasins qui ont été fermés pour des raisons de distanciation sociale ne rouvriront jamais, ou s’ils le font, ils constateront que leurs clients ne sont plus là.
    Il en va de même pour les restaurants qui, s’ils survivent à la fermeture, ne verront pas leurs clients revenir.

    L’industrie du voyage se redressera probablement, mais elle ne se rapprochera pas de ce qu’elle était dans un avenir proche. À l’heure actuelle, la capacité mondiale des compagnies aériennes est en baisse de 73 %.

    L’industrie aérienne a mis six à huit ans pour se remettre des attaques du 11 septembre, et ce pendant un boom. Cette fois-ci, la situation sera probablement pire. Airbus et Boeing sont tous deux à la recherche de renflouements.

    L’enseignement supérieur va être durement touché. C’est le cas sur les deux plus grands marchés de l’éducation : Le Royaume-Uni et les États-Unis.

    L’industrie pétrolière est en mode panique. La demande de pétrole a chuté de 20 millions de barils par jour, soit environ 20 %, car les gens restent chez eux. Même l’accord sans précédent entre les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie n’a pas réussi à faire monter le prix au-dessus de son niveau le plus bas depuis 18 ans.

    L’industrie automobile, qui est au cœur du secteur manufacturier, devrait voir ses ventes diminuer de 21 % au niveau mondial, avec une baisse de 26 % en Europe. Sans l’aide massive des gouvernements, cela aurait déjà entraîné des licenciements massifs et des fermetures d’usines.

    Même les hôpitaux américains, dans leurs sombres calculs, demandent des renflouements après avoir dû annuler des procédures plus rentables pour traiter des patients atteints de coronavirus.

    Malgré le fait que les gouvernements du monde entier versent des montants sans précédent pour soutenir les entreprises, le chômage augmente à un rythme sans précédent. Aux États-Unis, 26 millions de personnes ont demandé des allocations de chômage (ce qui ne signifie pas nécessairement qu’elles ont été licenciées définitivement).

    Les économistes interrogés par le Wall Street Journal s’attendent à ce que 14 millions d’emplois soient perdus au cours des deux prochains mois et à ce que le taux de chômage atteigne 13 % en juin : la hausse la plus rapide jamais enregistrée.

    L’un des conseillers économiques de Trump, Kevin Hasset, a fait la une des journaux en prédisant un taux de chômage de 16-17 %, en le comparant à la crise de 2008-2009, lorsque les États-Unis ont perdu 8,7 millions d’emplois : « En ce moment, nous perdons autant d’emplois tous les dix jours environ ».

    Bien sûr, personne ne sait où cela va s’arrêter, mais ils évoquent déjà la perspective d’une hausse du chômage à 20 % aux États-Unis et en Europe du Nord, qui ont réussi à éviter un chômage de masse en 2009.

    L’OIT met en garde contre le fait que 1,6 milliard de personnes – soit la moitié de la main-d’œuvre mondiale – « courent un risque immédiat de perdre leurs moyens de subsistance ». Elle estime également que 1,6 milliard de travailleurs du secteur informel ont déjà perdu 60 % de leurs revenus au cours du premier mois de la crise.

    Dans les années 1930, le PIB américain a chuté de 25 % en trois ans, et le chômage a atteint 25 %. Si la bourgeoisie a réussi à éviter une dépression en 2008-2009, cette perspective est désormais bien réelle :
    « Une demande sévèrement déprimée, des perturbations de l’offre et une incertitude extrêmement élevée maintiendront la fabrication sur une trajectoire extrêmement faible à court terme », a déclaré Oren Klachkin, économiste à Oxford Economics. Nous pensons que l’économie va progressivement revenir à la normale au cours du troisième trimestre, nous notons que le risque d’un blocage prolongé pourrait entraîner une reprise très lente et inégale ».

    Les économistes espèrent que l’économie pourra se redresser rapidement une fois les contraintes artificielles supprimées. Or, plus elles resteront en place longtemps, plus elles causeront de dommages.

    L’économie de marché capitaliste est de loin la moins adaptée à ce genre de mesures. La fameuse « main invisible » est fortement tributaire du crédit et de la confiance, cette dernière étant une condition préalable à la première. Or, à l’heure actuelle, il n’y a pas de confiance dans l’avenir.

    Les consommateurs et les entreprises envisagent l’avenir avec inquiétude, car personne ne sait ce qui les attend. Personne ne sait à quoi ressemblera le monde après la fin du confinemente (sans parler de la date à laquelle il prendra fin), et personne ne fera donc les investissements nécessaires pour relancer l’économie. Pourquoi investir dans la capacité de production alors que celle-ci est déjà trop abondante et que vous ne savez pas si les clients voudront vos produits ou s’ils pourront se les payer ?

    Un prêteur de dernier recours

    C’est pourquoi l’État joue aujourd’hui un rôle sans précédent. L’État est désormais le prêteur de dernier recours, le consommateur de dernier recours et la poule aux oeufs d’or. On l’a dit souvent, mais maintenant les choses ont évolué encore plus loin.

    Les dettes de l’État étaient déjà élevées, voire aussi élevées que pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elles sont sur le point de dépasser leur pic de la guerre mondiale, sans aucune perspective réaliste de remboursement.

    L’État a promis des sommes d’argent sans précédent sous forme de prêts et de subventions pour tenter de maintenir les entreprises ouvertes pendant la période de confinement.

    Marché après marché, c’est l’échec. L’insécurité et le manque de crédit (malgré tous leurs efforts) font que des entreprises qui étaient raisonnablement saines il y a trois mois sont maintenant menacées de faillite.

    Dans le monde de la finance, qui aime toujours inventer de nouveaux mots à la mode, on appelle cela un « ange déchu ». Aujourd’hui, les gouvernements et les banques centrales sont censés maintenir ces entreprises en vie jusqu’à ce que la situation se stabilise.

    Aux États-Unis, la Réserve fédérale étend massivement son bilan en poussant le crédit sur des marchés où elle n’était pas présente depuis la Grande Dépression. Un programme de 600 milliards de dollars prend forme, offrant des prêts par l’intermédiaire des banques jusqu’à quatre ans aux petites et moyennes entreprises.

    Il tente de s’isoler des pertes, en demandant aux banques émettrices de prendre 5 % des prêts et au gouvernement fédéral de couvrir les premiers 75 milliards de dollars de toute perte potentielle liée au programme.

    Cependant, les prêts aux petites et moyennes entreprises sont éclipsés par le total des crédits injectés dans le système. À la fin de l’année dernière, la Réserve fédérale avait environ 4 000 milliards de dollars dans son bilan.

    Mais elle connaît maintenant un programme extrêmement rapide d’achat d’actifs (la façon dont les banques centrales prêtent de l’argent). Le 22 avril, elle avait atteint 6 600 milliards de dollars, et on s’attend à ce qu’elle atteigne 8 à 11 000 milliards de dollars.

    Au plus fort de la dépression des années 1930, le bilan de la Fed se situait juste au-dessus de 20 % du PIB américain. Il a dépassé ce niveau vers 2011. Aujourd’hui, on s’attend à ce qu’il atteigne 40 à 50 % – et ce, en un temps record.

    On s’attend à ce que la BCE commence à soutenir les obligations de pacotille « fallen angel (ange déchu) » cette semaine afin d’éviter les faillites à grande échelle dans la zone euro. Elle devrait également étendre son programme d’assouplissement quantitatif de 2,8 billions d’euros. Bien que la BCE n’ait pas encore formellement accepté de le faire, les marchés et les agences de notation s’attendent fermement à ce qu’elle empêche à la fois les entreprises et les pays d’Europe du Sud de faire faillite. En réalité, elles ne laissent guère de choix à la BCE en la matière.

    On estime que la dette publique mondiale augmentera de 16 points de revenu national, passant de 69 à 85 % du PIB cette année.

    Le déficit budgétaire des États-Unis est estimé à 19 % (le plus élevé depuis 1945) après le quatrième plan de lutte contre la pandémie, et il ne fera que s’aggraver. La moyenne des économies capitalistes avancées est d’un peu plus de 10 %, et le Brésil, la Chine et l’Inde se situent à un niveau similaire. Ainsi, non seulement l’État garantit effectivement une grande partie du marché de la dette, mais une grande partie des dépenses de l’économie est compensée par le déficit du budget de l’État.

    En même temps qu’ils tentent de réduire les coûts d’emprunt des entreprises, les gouvernements redistribuent également des subventions à grande échelle aux entreprises afin de maintenir les employés dans les livres comptables.

    Plus de 30 millions de travailleurs en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne voient l’État payer leurs salaires, bien qu’à un taux réduit. Cela représente environ un cinquième de la main-d’œuvre totale de ces pays.

    L’un des problèmes de ces régimes, qui visent à fournir un soutien à court terme à des entreprises par ailleurs viables, est qu’il est pratiquement impossible de savoir ce qui sera ou non une entreprise viable dans cinq mois, car le passé n’est pas un très bon guide pour l’avenir. Le risque est évident que les banques centrales et les gouvernements finissent par maintenir les entreprises en vie sans en voir la fin.

    C’est précisément ce que le gouvernement et les banques centrales ne sont pas censés faire, mais ils n’ont pas d’autre choix.

    Le rôle de l’État

    Le rôle accru de l’État est en soi un symptôme de la rébellion des forces productives contre les contraintes de la propriété privée. Un auteur britannique l’a expliqué dans les années 1950 :

    « Bien sûr, le rôle accru de l’État avec la fin du laissez-faire avait déjà été souligné par Marx et Engels. La tendance des forces productives à dépasser l’enveloppe de la propriété privée, oblige l’État à intervenir de plus en plus dans la « régulation » de l’économie ».
    Et encore comment la tendance monétariste de ces dernières décennies devra nécessairement être inversée :

    « ‘Chaque action a une réaction égale et opposée.’ Cette loi s’applique non seulement à la physique, mais aussi à la société. La tendance à la privatisation atteindra ses limites. Cela commence déjà à se produire en Grande-Bretagne. À un certain stade, la tendance à l’étatisation va se réaffirmer ».

    C’est ce qui s’est passé maintenant, et avec éclat. Cependant, elle ne résout en rien la crise, mais apporte simplement un pansement en transférant le passif sur le bilan public. Dans les années 1950, on se faisait beaucoup d’illusions sur le fait qu’une intervention de l’État résoudrait les problèmes du capitalisme. Il a fait remarquer que cela n’arrêterait pas une autre crise, et il a eu raison lorsque le boom des années 1950 a fait place à la crise des années 1970.

    Ce virus a frappé une économie qui était déjà en difficulté. Cette crise est en préparation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les capitalistes ont réussi à la retarder par une augmentation massive de la dette, mais celle-ci a maintenant atteint ses limites. La crise de la surproduction bat son plein.

    Certaines grandes entreprises en sortiront plus fortes. Elles le feront non pas en développant les forces productives, en investissant dans les nouvelles technologies et dans l’industrie, mais en étant la dernière entreprise debout, car les autres, moins rentables, font faillite.

    La consolidation entraînera inévitablement des pertes d’emplois. Le marché en sera encore affaibli, ce qui rendra les nouveaux investissements non rentables. L’État interviendra pour sauver les entreprises qui sont trop grandes pour faire faillite, mais il ne peut pas sauver l’économie dans son ensemble.

    Le capitalisme monopolistique d’État, comme Lénine l’appelait, n’arrête pas les crises du capitalisme parce qu’il ne supprime pas réellement l’anarchie du marché. La recherche du profit reste le moteur de l’économie, elle est simplement aidée par l’État. Pourtant, quelles que soient les lignes de crédit accordées aux multinationales, quelles que soient les subventions, il n’y aura pas d’investissement sans marché, et le marché se rétrécit actuellement, car les travailleurs sont licenciés et subissent des réductions de salaire.

    Une économie planifiée est nécessaire

    La catastrophe à venir n’est pas une nécessité. Si nous ne vivions pas dans cette société barbare, qui place le profit au-dessus de tout, nous serions en mesure de gérer la crise sans qu’elle ne se transforme en catastrophe. Si l’on produit trop de produits, cela ne devrait faire que donner aux travailleurs un temps libre supplémentaire. Ce n’est que dans la logique tordue du capitalisme qu’une trop grande capacité de production se transforme en crise.

    Une économie planifiée nationalisée pourrait, dans ces circonstances, s’arrêter sans que les perspectives à long terme de l’économie en soient affectées. Il y aurait bien sûr une certaine dislocation, mais l’économie pourrait redémarrer à un niveau de production similaire. Il pourrait y avoir quelques pénuries de produits moins essentiels pendant un certain temps, mais il n’y aurait pas de chômage, pas de famine, pas de sans-abri et l’économie se redresserait rapidement.

    Les ressources pourraient être allouées rapidement d’un secteur de l’économie à un autre, en utilisant l’ingéniosité de la classe ouvrière, pleinement impliquée dans la gestion de l’économie. Il ne serait pas nécessaire de verser aux capitalistes des sommes exorbitantes pour qu’ils satisfassent les besoins fondamentaux de la société, qu’il s’agisse de nourriture ou d’équipements de protection.

    Le niveau de solidarité entre les travailleurs est visible partout où le virus a frappé. Si les travailleurs étaient aux commandes, plutôt que d’être exclus de toutes les décisions importantes, l’effusion spontanée de solidarité sur les médias sociaux et les applaudissements dans les rues se seraient transformés en actions concrètes.

    Le capitalisme prépare la misère pour des milliards de travailleurs. Notre tâche est de confiner ce système pourri dans la poubelle de l’histoire, là où il doit être. L’avenir de l’humanité en dépend. »

  2. Tiens, Luniterre, voici encore un autre lien qui montre la véritable relation entre les banques centrales et les « investisseurs » du marché financier.
    Les Banques au service des capitalistes.

    https://www.ft.com/content/1c012dac-953b-411d-b5fe-16633b92fdef?desktop=true&segmentId=7c8f09b9-9b61-4fbb-9430-9208a9e233c8#myft:notification:daily-email:content

    Une sorte de fonction semblable à celle de l’Etat qui veille pour les intérêts de l’ensemble de capitalistes malgré les dérives individuelles de quelques uns.

    En résumé : « on vous couvre pour éviter une crise financière qui n’est pas « souhaitable » aujourd’hui, mais vous vous trompez si vous prenez cela pour un chèque en blanc. Ce n’est qu’un répit et mettez vous en règle car on ne pourra pas vous soutenir dans la crise réelle qui approche ».

    Donc, s’il y a une tendance (une « tendance » forte mais pas plus) de contrôle et d’organisation de tout le capitalisme par les banques centrales (une forme déjà « socialiste » de fait), elle est directement au service des capitalistes, pas contre eux, pas dans le sens d’une prise de pouvoir, ou d’un « coup d’état » de la haute bureaucratie bancaire contre les capitalistes. On est loin du « collectivisme bureaucratique » étape imaginée par certains entre le capitalisme et le socialisme.

    On est loin aussi d’une capitulation de la grande bourgeoisie devant la haute bureaucratie bancaire.

    Le fin fond de cet affaire n’est pas « l’économie » mais le rapport de forces entre les classes (ou la classe capitaliste et la bureaucratie encore à leur service), la lutte de classes donc.

    A ne pas oublier.

    1. C’est bien que tu cherches à comprendre, car ce n’est pas le cas de la majorité des prétendus « marxistes » et je prends donc le temps de te répondre encore pour préciser ce qui semble t’échapper :

      Il n’y a évidemment pas de « lutte de classe » entre bourgeoisie financière et « bureaucratie bancaire »…

      La « bureaucratie bancaire » spécifique des banques centrales n’est que l’une des expressions formelles de la bourgeoisie financière. Sa spécificité tient à son pouvoir sur la circulation monétaire et sur le crédit, ce qui est fondamentalement la même chose, dans le contexte actuel.

      C’est, en un sens, le rapport entre crédit et circulation monétaire qui change, avec l’évolution actuelle des forces productives et le développement de la robotisation de la production.

      Dans le capitalisme « traditionnel », même monopoliste industriel, le crédit ne joue qu’un rôle transitoire dans la circulation monétaire, qui est principalement le reflet de la circulation des marchandises produites par le travail, et des services échangés autour.

      Il semble donc inéluctable qu’à mesure que le capital « productif » se résume de plus en plus au capital fixe, avec le développement de l’automatisation et de la robotisation, le crédit devienne le « régulateur » obligé de la circulation monétaire à tous les niveaux, y compris de la consommation, et donc de la source du pouvoir de « capitaliser », la source du pouvoir économique et politique, en dernière analyse.

      Une machine robotisée financée par un crédit qui produit des marchandises elles-mêmes achetées à crédit ne peut évidemment pas créer de valeur.

      Dans ce processus, c’est l’ensemble de l’argent en circulation qui provient du crédit et l’ « accumulation » transitoire de capital qui peut encore se produire au cours du processus entre « déblocage » de crédit et réalisation de la pseudo- « valeur » des marchandises ne peut être par essence qu’une forme de bulle spéculative.

      Il y a encore circulation monétaire, tout à fait artificielle, mais de moins en moins d’échange entre producteurs, même très indirectement, et même plus du tout, en cas de robotisation totale.

      Il y a donc disparition progressive de la valeur d’échange, en réalité, et apparition du monopole de la valeur d’usage, seule source réelle possible, désormais, de capitalisation. Le crédit des Banques Centrales est l’expression monétaire de ce monopole et de cette novelle forme de pouvoir économique, et donc bien politique, en dernière analyse.

      Le pouvoir des banques centrales est donc aussi celui de « réguler » la circulation du capital financier, non pas de manière « équilibrée », ce qui est par définition impossible avec le capitalisme, mais en laissant « gonfler » les bulles jusqu’à un certain niveau ou en les laissant « crever » également jusqu’à un certain stade de « creux », et c’est exactement ce que l’on vient de voir. Il suffit de le constater sur les différents graphiques des indices boursiers, tous réagissant de manière extrêmement synchronisée, et surtout depuis 2007-2008.

      Il y a donc une grande partie de la bourgeoisie qui veut continuer à boursicoter à grande échelle, car sa « richesse » et donc aussi son pouvoir, en dépendent, et une nouvelle fraction de la bourgeoisie qui est consciente de l’évolution technologique nouvelle des forces productives et consciente du nouveau pouvoir de domination du crédit sur la circulation monétaire en général et même sur la circulation du capital financier en particulier.

      Une fraction minoritaire, détentrice d’une part suffisante des capitaux financiers mondiaux, n’a plus besoin d’accumuler pour conserver son pouvoir, au point qu’elle peut « encaisser » sans ciller une chute impressionnante de capitalisation globale, mais plutôt besoin de conserver le contrôle de l’ensemble du système, y compris au détriment d’autres fractions du capital financier, et même des fractions résiduelles du capital productif qui ne sont pas encore intégrées à 100% dans le système monopoliste.

      La nouvelle concentration des capitaux réduira encore la part de cette dernière fraction au profit des deux autres, et surtout de celle qui contrôle déjà les banques centrales. Ces fractions continuerons à « négocier » entre elles un certain « modus vivendi », à défaut d’un introuvable équilibre.

      C’est ce que reflète l’intéressant article que tu résumes ici.

      Il n’y a aucune forme de « collectivisme  bureaucratique » là dedans, bien évidemment, et tu devrais enfin te débarrasser de tout ce charabia trotskysant qui n’a aucune espèce de réalité en termes d’analyse marxiste !

      Bien à toi,

      Amicalement,

      Luniterre

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